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Varoufakis et les Don Quichotte de l'"anticapitalisme" contre les moulins à vent du siècle dernier
Il y a deux façons de voir les propos de ce Varoufakis :Une relativement positive, vu qu’il a le courage de parler de la mutation du système, en ce qu’il cesse d’être capitaliste au sens classique du terme.
Une plus réaliste et plus négative en ce qu’il fait une fixette sur les Gafam, alors qu’il explique lui-même qu’ils doivent leur « fortune » à la création monétaire banco-centralisée.
Si l’on reprend le problème de l’œuf et de la poule, dans ce cas, bien qu’ils soient encore liés, dans la phase de « mutation » actuelle, il est donc clair que c’est l’œuf de la création monétaire qui est premier dans le processus, et non la poule des Gafam, qui, même si elle pond quelques œufs en or virtuel elle-même, ne peut le faire qu’avec le grain de la fausse monnaie « électronique » banco-centralisée.
Le « techno-féodalisme » qu’il prétend dénoncer n’est, comme on l’a vu, que la phase de « transition » vers la forme la plus achevée du banco-centralisme, celle qui verra le contrôle absolu de toutes transactions via les Monnaies Numériques de Banque Centrale, qui échapperont complètement au pouvoir des Gafam, lesquels se trouveront donc ainsi définitivement placés sous le contrôle des Banques Centrales.
De même, et d’autant plus qu’il semble être assez bien placé pour le savoir, parler de la puissance de l’UE sans parler de la vraie puissance, qui est la BCE, ne fait pas beaucoup de sens, sinon aucun, et on peut carrément se demander quel jeu il joue réellement.
Etant donné le peu de suite logique dans ses propos, il est peut-être simplement un paumé de plus parmi les paumés, même s’il a donc, ici ou là, quelques lueurs qui devraient au moins pousser à réfléchir ceux qui continuent à radoter un pseudo-« anticapitalisme » d’un autre âge. Parmi ceux-ci et en réaction, en quelque sorte, à cette vidéo de Varoufakis, on a vu, sur VLR, la mention d'un article de Gérard Bad:
« Je viens de visionner la vidéo de Yanis Varoufakis qui comme Thierry Breton comprend comment par la médiation technologique du capitalisme de plateforme ou numérisation mondiale les USA ponctionnent les peuples de la zone occidentale qu’ils contrôlent.
Protéger ce business est un enjeu central pour les USA ce que je démontre en partie dans mon article
G.Bad-LA CYBERNÉTIQUE : SES DÉCLINAISONS SÉCURITAIRES ET TOTALITAIRES :
https://spartacusbond.blogspot.com/2024/09/gbad-la-cybernetique-ses-declinaisons.html
Je montre aussi en quoi la Chine, à ce niveau, devient un concurrent redoutable de la « silicolonisation »numérique d’ autant qu'elle menace Taïwan ,le talon d’ Achille des USA. Ni la Chine, ni les USA ne peuvent se passer des composants électroniques, ils sont prêts à se faire la guerre pour le contrôle de cette production. »
https://mai68.org/spip3/spip.php?article1587#forum1224
(NDLR: orthographe corrigée!)
Pour analyser le réel, pour tenter de s’approcher au plus près du réel, il faut commencer par appeler un chat un chat, si l’on ne veut pas se laisser dominer par des préjugés idéologiques.
L’article de Gérard Bad est intéressant et même utile en ce qu’il regroupe un certain nombre de références assez bien choisie sur le sujet, mais il passe néanmoins à côté de l’essentiel, même par rapport à l’interview de Varoufakis, pour qui le « techno-féodalisme » est déjà explicitement une forme de « post-capitalisme ».
Pour Varoufakis, le critère de « rupture » est l’absence d’économie de marché dans les processus de commercialisation informatisés ( « économie de plate-forme »). Or le marché, si l’est une des conditions de la formation du capitalisme, n’est pas la seule, et pas non plus la plus fondamentale : la formation du capitalisme industriel se fait par l’extraction massive de la plus-value, sur les sites mêmes de la production industrielle.
Le capitalisme monopoliste « classique », même lorsqu’il arrive à s’imposer par les processus précisément « monopolistes » de contournement de l’économie de marché, n’en constitue pas moins une forme de capitalisme tant que l’essentiel de son profit continue de reposer sur l’extraction de la plus-value.
Varoufakis s’arrête donc au milieu du gué, avec son histoire de « techno-féodalisme » en replaçant plus ou moins l’expansion du « capital » (…commercial !), sur l’ « économie de plate-forme », sans parler autrement d’extraction de « plus-value », et même sans en parler du tout, et pour cause : dans le capitalisme « classique » le profit commercial n’existe que comme l’une des formes de « réalisation » de la plus-value extraite du travail productif, mais non pas, pour l’essentiel, comme l’une des formes de sa constitution, qui reste dans le processus productif lui-même.
Dans une société où il n’existe plus, pour le processus de « réalisation » des profits, qu’une masse de consommateurs dépendants essentiellement du secteur tertiaire, ou reliés à lui d’une manière ou d’une autre, il y a donc une masse de capital en circulation qui n’est pas, par elle-même, sauf de manière marginale, productrice de plus-value, en plus de celle déjà investie dans le capital fixe à « amortir », et qu’il faut en outre constamment renouveler, tant que perdure, malgré tout, une part importante d’économie de marché « concurrentielle », même si sous les formes différentes de l’ « économie de plate-forme ».
En dehors de l’économie de « services », et même si elle est déjà elle-même en grande partie « marchandisée » sur l’« économie de plate-forme », la fonction essentielle de cette « économie de plate-forme » reste donc d’assurer, en termes de réalisation monétaire, le cycle de renouvellement constant du capital fixe, en l’absence d’élargissement suffisant par l’extraction de la plus-value réelle, quasiment en voie de disparition, à mesure de la modernisation-robotisation des forces productives réelles.
C’est pourquoi ce système ne dépend plus que de la masse monétaire en circulation, essentiellement dans le secteur tertiaire.
C’est pourquoi il ne dépend plus, du fait de la raréfaction extrême de l’extraction de plus-value réelle, que de l’expansion constante de la dette, publique et privée. La dette publique étant plus que jamais un moyen de réinjecter des liquidités dans le secteur privé, via les « dépenses », même si éventuellement colossales et socialement inutiles, de fonds publiques.
Le nœud essentiel de ce système, déjà dans sa phase de « développement »-transition actuelle, mais nécessairement de plus en plus, et même totalement, « totalitairement », à l’avenir, c’est donc le contrôle de la circulation monétaire, en « synergie » avec le contrôle de la création monétaire indispensable pour compenser la défaillance, et in fine, la disparition totale de production de plus-value.
« Réguler »-contrôler la masse monétaire et sa circulation, tel est l’enjeu réel du pouvoir, désormais, depuis le tournant de ce XXIe siècle déjà.
Actuellement, et de plus en plus, c’est le rôle et le pouvoir réel des principales Banques Centrales sur la Planète.
Il serait temps de s’en apercevoir.
Qu’on le veuille ou non, que ça nous plaise ou non, l’extraordinaire capacité de Résistance de la Russie, et d’autant plus, malgré ses errements stratégiques des premiers mois de la guerre en Ukraine, réside essentiellement dans sa capacité à autonomiser, autant que faire se peut, son économie, précisément, par rapport à ce système.
Une démonstration concrète utile, suffisante pour l’évidence de ceux qui n’ont pas de préjugés idéologiques, raisonnant simplement selon le matérialisme dialectique.
Et malheureusement encore nettement insuffisante pour les Varoufakis, les Kohei Saito et tous les Don Quichotte « anticapitalistes » ferraillant pathétiquement contre les moulins à vent du siècle dernier.
Luniterre
Sur le même thème :
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Pour une étude plus synthétique de l’ensemble du processus de la mutation banco-centraliste depuis la formation du capital industriel, voir :
http://cieldefrance.eklablog.com/le-roi-capital-est-mort-vive-la-reine-dette-a215991921
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Nouveau,
Avec à la suite une liste de liens sur l’économie, la monnaie et le banco-centralisme :
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Source de l’article et de la compilation :
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« Varoufakis: un "revenant" de Grèce..."M. Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU": un juste rappel historique, mais quelles conséquences? »
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